Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Nous reproduisons cet article intéressant sur le contrat d'autonomie qui illustre bien la politique menée par ce gouvernement.
Michel Abhervé *
Libération paru le Jeudi de l’Ascension consacre une page entière au Contrat d’autonomie. Un article de Noémie Rousseau intitulé Le contrat d’autonomie épinglé pour son efficacité indéterminée” et sous-titré “Relancé par Sarkozy, l’intiative de Fadela Amara n’a pourtant pas aidé les “jeunes de quartiers”" fait un point assez complet qui conforte les informtaions et analyses parues régulièrement sur ce blog

Mais cet article ne nous aide pas à comprendre pourquoi, contre toute rationalité, le Gouvernement a décidé de relancer ce contrat, et nous ne pouvons en avoquant les hypothèses que rester très interrogatifs 

Ce n’est pas parce que la réponse est quantitativement à la taille de la question posée, l’accès à l’emploi des jeunes des quartiers. 7 000 places nouvelles, avec si le taux de réussite s’améliore sensiblement  5 000 jeunes trouvent un emploi ou une formation, c’est loin, très loin de l’échelle du problème, où c’est par centaines de milliers que les jeunes habitant les quartiers de la politique de la ville sont en galère par rapport à l’emploi. Comme l’écrite le dernier rapport de l’ONZUS “43 % des jeunes hommes actifs et 37 % des jeunesactives sont au chômage en Zus”. Quant, comme l’écrit ce rapport officiel, il est possible d’estimer  “le nombre de chômeurs supplémentaires en Zus à environ 40 000 pour la seule année 2009″ comment ne pas estimer que 5 000 solutions ne sont pas à l’échelle du problème ?

 

Ce n’est pas parce que le programme touche des jeunes qui n’étaient pas au préalable suivis par les institutions. L’a-priori intial, l’existence de nombreux jeunes inconnus de ces institutions s’est avéré faux et seule la mobilsation de celles-ci a permi sau programme de recruter institutions, comme le montre entre autres ‘enquête de l’IGAS et comme l’ont confirmé les inspecteurs devant la commission sénatoriale. 

Ce n’est pas parce que ce programme a su s’adresser aux jeunes les plus éloignés de l’emploi. Au contraire l’étude de la DARES a montré, avec force, que c’est la frange des jeunes la plus proche de l’emploi qui a, seule, bénéficié de ce programme : comment d’ailleurs aurait-il pu en être autrement, puisque quand on réméunère un opérateur au résultat sa logique économique est de prendre les jeunes qui lui assureront les meilleures chances d’un résultat acceptable, et donc la meillleure rémunération ?

Ce n’est pas non plus pour le rapport qualité-prix : personne ne défend cet argument et il est maintenant établi, par tous les rapports convergents que cette prestation est la plus coûteuse de toutes les prestations d’accompagnement à l’emploi pour des résultats qui n’ont rien d’exceptionnel, pour rester dans la mesure : cela conduit d’ailleurs à inscrire le chiffre de 8 500 Euros par jeune dans le projet de loi de finances modificatif 2011.

Ce n’est pas non plus faute d’alternative : les Missions locales ont fait la preuve qu’elles peuvent réaliser ce travail d’accompagnment renforcé, et paradoxalement, alors que les moyens sont trouvés dans le budget de l’Etat pour une nouvelle vgue de Contaras d’autonomie, elles doivent réduire leurs effectifs d’un millier de personnes et donc proportionnellement leur capacité d’accompagnement d’un centaine de milliers de jeunes, dont certainement beaucoup plus de 7 000 auraient trouvé une insertion dans l’emploi.

Ce n’est pas non plus pour faire plaisir aux parlementaires de l’UMP, dont aucun ne s’est exprimé en faveur de ce contrat, et dont certains, et en premier Chantal Brunel, rapportrice du budget de l’emploi, a exprimé clairement et fortement ses critiques.

A moins qu’une raison n’ait échappé à l’analyse, il reste deux explications possibles : l’incompétence dans la procédure de décision, fondée sur une volonté d’énoncer à tout prix une mesure dans un programme bien terme, avec une absence de toute vérification du bien-fondé ou le copinage avec certains des opérateurs potentiels. Ceux-ci qui voient leur marché avec Pôle emploi se réduire fortement en 2011 ont-ils fait pression auprès du Gouvernement, avec qui ils ont des liens réguliers, pour garder un marché bien rémunéré leur permettant de perpétuer un savoir-faire qui retrouverait, après 2012, un nouvel espace de déploiement, dans une perspective de privatisation généralisée de l’accompganement ?

Nous en aurons une idée quand nous connaitrons le nom des lauréats de l’appel d’offres qui vient d’être lancé. Mais peut-être qu’une des raisons n’exclut pas l’autre, l’incompétence de certains ayant pu être exploitée par d’autres !

*Professeur associé à l'université de Paris Est Marne la Vallée, il y enseigne l'économie sociale et les politiques publiques dans une licence professionnelle « Management des organisations de l'économie sociale ». Il a mis en place la possibilité de suivre cette formation en apprentissage. Il intervient également dans le Master rénové «Management de l'insertion dans l'économie sociale et solidaire » et contribue à l'animation du site ressources pour l'économie sociale www.univ-mlv.fr/ecosoc

Michel Abhervé a exercé des responsabilités politiques en étant pendant plus de 20 ans élu à Evry et au conseil régional d'Ile-de-France. Il a en particulier suivi des dossiers concernant l'insertion, la formation professionnelle, assuré la présidence de l'Union nationale des missions locales, et vient de suivre pour les employeurs de l'économie sociale le Grenelle de l'insertion, à travers un blog 

Tag(s) : #Insertion jeunes
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :